La Lettre
2025 : l’année de l’espace public
Bienne/Biel – un choix de lieu délibéré
L’assemblée des membres et la Journée du Werkbund ont eu lieu en mai 2025 à Bienne. Cette ville incarne de manière particulière ce qui a toujours intéressé le Werkbund : les transitions, le multilinguisme, l’histoire industrielle et culturelle, la transformation urbaine ainsi que la question de l’usage, de la conception et de la perception de l’espace public.
Le choix de ce lieu relevait donc d’une intention claire. Bienne ne se situe pas seulement géographiquemententre la Suisse alémanique et la Suisse romande ; la Ville est aussi espace de médiation culturel et social.L’assemblée du Werkbund a consciemment tiré parti de ce contexte pour aborder les questions liées à l’espace public non pas de manière isolée, mais en les inscrivant dans des situations urbaines réelles.
La Journée du Werkbund – documentée sur ce site – a combiné conférences, échanges et visites sur place. Il y a été question de conception et de responsabilité, de planification et d’appropriation, d’histoire urbaine et d’usages futurs. Une chose est apparue clairement : l’espace public n’est pas un produit fini, mais un processus ; il est façonné par les évolutions et les interactions sociales, par les décisions politiques et par les postures en matière de conception.
Le Prix du Werk 2025 – l’espace public comme responsabilité collective
Avec le Prix Werkbund 2025 consacré à l’espace public, le Werkbund suisse a posé un accent thématique qui dépasse largement le cadre d’une distinction individuelle. Le Prix Werkbund ne se conçoit pas comme un concours au sens classique du terme, mais comme un instrument de mise en visibilité et de discussion.
L’écho rencontré par l’appel à projets a été considérable : exactement 100 projets ont été soumis. Ce chiffre est remarquable non seulement sur le plan quantitatif, mais aussi parce qu’il illustre l’ampleur et la diversité des conceptions de l’espace public. Il témoigne également du fort rayonnement du Werkbund dans ce champ d’action de la culture du bâti.
Ont été soumis des projets issus de l’architecture, de l’architecture du paysage, de l’art, du design, de la médiation et de champs interdisciplinaires – des actions « guérilla », des interventions réalisées ainsi que des processus à long terme.
L’espace public n’y était pas seulement appréhendé comme un lieu physique, mais comme un espace social, culturel et politique. De nombreux projets abordaient des questions d’accessibilité, de participation, de durabilité et d’identité. D’autres s’intéressaient aux usages temporaires, aux interventions dans l’existant ou à de nouvelles formes de collaboration.
Le travail du jury – dont la composition et les critères sont documentés de manière transparente sur le site du Prix Werkbund – s’est inscrit dans l’exigence du Werkbund de ne pas définir la qualité de manière univoque. Les solutions formelles n’étaient pas les seules déterminantes ; l’attitude, l’ancrage contextuel et la pertinence sociétale ont joué un rôle décisif.
La cérémonie de remise des prix à Baden, accompagnée de discussions et de présentations, a rendu cette diversité visible. Elle a été moins un aboutissement qu’un point de départ pour une réflexion approfondie sur l’état et l’avenir de notre espace public.
Année de clarification
L’année 2025 a mis en évidence, de manière particulièrement claire, une manière de travailler qui caractérise le Werkbund depuis toujours : se positionner par l’argumentation plutôt que par la polarisation.
Dans un contexte sociétal où les débats publics sont souvent menés de façon polarisée, le Werkbund a délibérément choisi la différenciation. La réflexion sur l’espace public n’a pas été formulée comme un appel moral, mais comme une discussion fondée sur des bases professionnelles et disciplinaires solides. La conception n’a pas été considérée de manière isolée, mais replacée dans son contexte.
En 2025, le Werkbund suisse a également franchi une étape importante sur le plan organisationnel. Ce fut une année de clarification. Une année durant laquelle de nombreux processus se sont regroupés de manière visible – sur les plans organisationnel, thématique et sociétal. À une époque où les disciplines de la conception sont soumises à des pressions économiques, technologiques et politiques, le Werkbund a affiné son rôle : en tant que réseau interdisciplinaire, lieu de dialogue et voix en faveur de la qualité de notre environnement bâti, conçu et culturel.
Cette posture reflète une perception de soi qui considère la conception comme une pratique culturelle – avec un sens des responsabilités, mais aussi avec une ouverture aux contradictions et à la diversité des perspectives.
Il est particulièrement réjouissant de constater que ce travail se reflète dans l’évolution du nombre de membres. Après des années de recul, le Werkbund suisse enregistre à nouveau une croissance. Cette progression n’est pas une fin en soi, mais un indicateur du fait que les thématiques portées par le Werkbund rencontrent un écho – dans toutes les générations, auprès des jeunes conceptrices et concepteurs comme auprès de professionnel·le·s travaillant de manière interdisciplinaire. Cela montre qu’une posture à la fois factuelle, réfléchie et engagée dans les questions sociétales est appréciée et vécue.
En regardant vers l’avenir, il apparaît que 2026 ne sera pas une rupture, mais une continuité. Les sections et le comité continueront de développer des formats favorisant l’échange et suscitant des discussions aussi bien à petite échelle qu’au niveau régional et national. La collaboration entre le secrétariat et les sections y joue un rôle central – non pas comme des structures subordonnées, mais comme un moteur de contenu. Le Werkbund est bien préparé pour aborder l’année 2026.
Ce Bulletin revient ainsi sur une année qui non seulement a été forte, mais aussi claire. Il marque la transition vers une année 2026 au cours de laquelle le Werkbund poursuivra et approfondira ce travail.